MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

lundi 27 décembre 2010

PROBUS salue la fidelité militaire de l'armée vaincue de Florien. (277 ap. J.-C.)





Description:


Lyon, mi 277 à  fin 277 ap. J.-C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C PROBVSPF AVG. (L'empereur César Probus Pieux et Heureux Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite vu de 3/4 en avant avec pan de paludamentum sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : B).

Revers : FIDES MILITVM // III. (La fidélité des soldats). La fidélité de face, tournée à gauche, tenant deux enseignes militaires.

Poids : 3,87 g -  Diamètre : 22 mm - Axe : 7h00 - Références : RIC n° 26 - Bastien : n° 192.


Commentaires :

Au début de l'année 276 ap. J.-C., Probus est proclamé empereur par son armée en Syrie.  Mais le Sénat de Rome a choisi Florien pour succéder à Tacite. Probus affronte son rival en Cilicie où il sera assassiné à Tarse, laissant Probus victorieux et seul maître du territoire. Le message de cette monnaie s'inscrit dans une propagande politique visant à informer les romains de la récente réunification des armées, dotant ainsi l'empereur d'une force capable d'asseoir la stabilité de l'empire et de sécuriser ses frontières. Se retrouvant de fait sans chef, les troupes militaires anciennement engagées aux côtés de Florien, rejoignent les rangs de l'armée de Probus.

La titulature d'avers comporte des points de séparation, particularité apparaissant sur les auréliani de cette quatrième émission, témoignage de la persistance d'une ancienne tradition des ateliers monétaires gaulois de Cologne puis de Trêves, les graveurs ayant été transférés à Lyon à la réouverture de l'atelier en 274 ap. J.-C.

Fides, personnification divine présente sur ce revers, incarne la bonne foi, préside aux conventions publiques et aux transactions privées entre individus. Elle est l'expression de l'équité dans les stipulations verbales. Cette divinité tient une place importante dans le patrimoine primitif religieux romain, faisant remonter l'origine de son culte au roi Numa. Elle est souvent employée dans les œuvres poétiques en compagnie d'autres personnifications comme la Concorde, la Vertu, la Piété, la Pudeur et la Justice. Cette déesse ne compte qu'un seul temple au capitole, voisin du temple de Jupiter dont la construction première est attribuée au roi Numa lui-même. Rebâtit une première fois après les guerres contre Carthage, par Atilius Calatinus, ensuite par Aemilius Scaurus, contemporain de Cicéron, il perdure sous l'empire. On y accrochait des tables d'airain sur lesquelles on gravait des conventions publiques et autres diplômes militaires. La fête dédiée à Fides était célébrée le 1er octobre pendant laquelle les flamines de Jupiter, Mars et Quirinus (triade divine primitive vénérée sous Numa), arrivaient au temple Capitolin dans un bige couvert pour faire des sacrifices.
Mais la Fides des monnaies de Probus n'a plus rien de commun, sauf le nom, avec la déesse que les anciens romains honoraient au Capitole pour son rôle public de fidélité à la parole jurée. Sous l'empire, l'appellation FIDES PVBLICA devient beaucoup plus rare et se rattache plus fréquemment à la personne de l'empereur, surtout lorsqu'il s'agit de l'armée (FIDES MILITVM). Employée ici pour souligner le rattachement des troupes de Florien à l'armée de l'empereur, cette personnification tenant deux enseignes militaires est un symbole fort de l'allégeance et de la nouvelle réunification militaire.


Détail du revers

jeudi 23 décembre 2010

PROBUS veut rétablir la suprématie de l'empire romain sur tout le territoire. (276 ap. J.-C.)




Description :

Ticinum, octobre à décembre 276 ap. J.-C., 2ème émission, 6ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur césar Marc Aurèle Probus auguste). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite, vu de 3/4 arrière. (Buste Bastien : A2).

Revers : RESTITUT SEC // VIXXT, (Au restaurateur du siècle). L'empereur debout à gauche, tenant un globe de la main droite et un sceptre de la gauche, couronné par la victoire debout derrière lui, tenant une palme de la main droite.

Poids : 3,07 g - Diamètre : 21 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n°401  


Commentaires :

Cette monnaie fait partie du nouveau répertoire iconographique adopté par les graveurs de l'atelier, abandonnant les types du monnayage de Florien utilisés lors de la première émission frappés d'Aout à Septembre 276 ap. J.-C, juste après que Probus eut été proclamé empereur par ses troupes en Orient. De même, le portrait réel de Probus a remplacé le portrait inspiré de celui de Florien dès cette deuxième émission datée du dernier trimestre de l'année 276 ap. J.-C. Les marques d'officines utilisées pour la première émission (PTI à VITI, TI pour Ticinensis) sont abandonnées et remplacées par le XX (suivi du T pour Ticinum). Six officines battent monnaie pour Probus avec les marques distinctives PXXT, SXXT, TXXT, QXXT, VXXT et VIXXT.

La légende RESTITVT SEC de ce revers nous offre la vison d'un général empereur, restaurateur au IIIème siècle de la Pax Romana comme au temps des Antonins. Elle est la plus courte utilisée pour ce type de revers, remplaçant la formule longue RESTITVTOR SAEC des autres monnaies. L'iconographie montrant l'empereur en tenue militaire mais avec ses attributs impériaux (sceptre et globe), couronné par une victoire, apparaît pour la première fois lors de cette deuxième émission de Ticinum. La victoire porte une palme, symbole de la paix retrouvée, rappelant le récent succès militaire de Probus sur Florien, son rival. Cette image allégorique délivre aussi aux citoyens un message politique clair : le nouvel  empereur va maintenant tenter de sécuriser le territoire romain et rétablir la paix afin que la population puisse enfin reconstruire et prospérer en toute quiétude. Mais avant toute action, Probus veut faire ratifier au plus vite son titre par le Sénat de Rome afin d'asseoir son pouvoir politique et commencer la sécurisation des frontières.


Détails du revers

samedi 18 décembre 2010

L'ascendance impériale affirmée dans une légende de revers à Siscia. (277 ap. J.-C.)





Description :
 
Siscia, 277 ap. J.-C., 2ème émission, 6ème officine.

Avers : IMP PROBVS INV AVG, (l'empereur Probus auguste invincible). Buste de Probus radié, drapé  et cuirassé à droite vu de 3/4 arrière. (Buste Bastien : A2).

Revers : PROVIDENTIA AVG N // XXI, (La providence de notre auguste). La providence debout à gauche, tenant une baguette de la main droite au dessus d'un globe et une corne d'abondance de la main gauche.

Poids : 3,26 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n° 727


Commentaires :

Natif de la ville de Sirmium toute proche, Probus arrive à Siscia en avril 277 ap. J.-C, accueilli par une somptueuse fête d'adventus donnant lieu à un donativum à la hauteur des victoires militaires qu'il vient de remporter. A cette occasion, des monnaies d'or et des auréliani sont émis pour fêter cet évènement honorant la cité de ce retour au pays d'un de ses plus valeureux représentants. On constate dès lors que la qualité de gravure s'améliore lorsque Probus est présent à Siscia. De nouveaux graveurs pris à Cyzique et Serdica, arrivent avec le cortège impérial et intègrent l'atelier monétaire à ce moment précis. Mais le séjour dans la ville est de courte durée, car Probus ne fait qu'une étape au pays afin d'atteindre au plus vite Rome et faire ratifier son nouveau titre impérial par le Sénat.

Cette monnaie, issue de la fameuse Invictus-série (de la deuxième émission de Siscia décrite par K. Pink dans "Der Aufbau der Römischen Münzpragung in der Kaiserzeit") est interessante par deux particularités épigraphiques peu communes.
Tout d'abord, les monnaies de cette série se caractérisent par l'ajout dans la titulature de l'adjectif "invictus" sous l'abréviation INV (ou INVICT) et mettent en avant l'invincibilité militaire de ce général empereur. L'emploi de ce qualificatif n'est pas anodin puisqu'il évoque aussi le culte de Sol Invictus nouvellement adopté dans le panthéon romain.
La deuxième particularité de cette série est l'ajout du pronom "Nostri" dans les légendes de revers, traduisant la grande fierté de tout le peuple Illyrien à compter parmi les siens un empereur qui réussit à libérer et sécuriser le territoire romain. Ces légendes, véritables revendications de l'appartenance de Probus au pays, caractérisent les nouveaux types monétaires de la deuxième émission, marquant  ainsi  la rupture avec la première calquée sur les dernières frappes de l'atelier pour Florien. On retrouve ainsi les légendes FELICITAS AVG N, SPES AVGVSTI NOSTRI, ABVNDANTIA AVG N, VICT PROBI AVG NOSTRI, PROV PROBI AVG NOSTRI et PROVIDENTIA AVG N comme sur cette monnaie.

Il est à noter que cet aurélianus ne comporte pas de lettre d'identification d'officine, mais est assimilé à la sixième par l'étude épigraphique et stylistique. En effet, en parallèle avec les monnaies issues des six officines émettrices de Siscia (identifiées par les lettres A, B, Γ, Δ, ε, ζ), certaines d'entre elles ne comportent pas de signe distinctif, comme s'il s'agissait de considérer cette émission de célébration indépendamment des autres.

L'image de la Providence proposée sur le revers de cet aurélianus nous indique que Probus bénéficie des auspices favorables de la divinité lui procurant la réussite dans ses ambitions militaires et politiques. Propre aux stoïciens, Providentia avait une valeur indiquant une qualité inhérente à sa sagesse. Cette même qualité devint une déesse à part entière, la présentant quelquefois comme une émanation des dieux (PROVIDENTIA DEORVM) pour se transformer par la suite en une représentation de la divinité de l'empereur (PROVIDENTIA AVG). On lui éleva un autel sur lequel on sacrifiait après des évènements favorables à l'empereur et sa famille. La providence est souvent représentée sur les monnaies sous les traits d'une femme debout appuyée sur une colonne, un globe à ses pieds. Dès le IIIème siècle, la divinité indique le globe à l'aide d'une baguette comme sur cette monnaie. Lorsqu'elle porte une corne d'abondance ou des épis de blé ou se trouve près d'un modius, sa représentation évoque la prévoyance de l'empereur assurant l'approvisionnement de Rome.

Probus, porté par cette providence et la reconnaissance de ses plus proches sujets, s'en ira vers Rome pour convaincre et rassurer les sénateurs sur ses réelles intentions politiques.


Légende de revers :  PROVIDENTIA AVG N

dimanche 12 décembre 2010

Le deuxième imperium consulaire de Probus célébré à Ticinum. (Janvier 278 ap. J.-C.)





Description :

Ticinum, janvier 278 ap. J.-C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C PROBVS AVG CONS II, (L'empereur César Probus Auguste, Consul pour la deuxième fois). Buste consulaire radié de Probus à gauche, tenant un scipio de la main droite. (Buste Bastien : H2) 

Revers :  CONSERVAT AVG // TXXT, (Le protecteur de l'Auguste). Sol invictus, nu debout à gauche, la chlamyde recouvrant l'épaule gauche, un pan reposant sur le bras, portant un globe de la main gauche, la main droite levée.

Poids : 3,53 g - Diamètre : 21 mm - Axe: 12h00 - Références : RIC n° 352
 

Commentaires :
 
Cette quatrième émission de Ticinum, comme la troisième, destinée à alimenter les fastes du triomphe germanique et la solde des soldats de Probus, diffuse une propagande impériale jamais atteinte dans aucun autre atelier. Comme la précédente, cette émission passionnante par sa richesse d'innovations épigraphiques et iconographiques, est couplée à une  prestigieuse émission d'or destinée à un donativum. En effet, elle fut frappée pour fêter la victoire germanique de l'empereur mais aussi le second processus consularis de Probus qu'il célèbra dans cette ville d'Italie du Nord.
Cette monnaie, originale par sa titulature de droit (IMP C PROBVS AVG CONS II, l'abréviation CONS étant propre à l'atelier de Ticinum) met en avant sa reconduction au  titre de consul dès le 1er janvier de l'année 278 ap. J.-C. La tenue consulaire que porte l'empereur sur cette monnaie, évoquée dans un précedent article, est de fait l'héritage indirect de l'expression du pouvoir des rois de Rome. Au fil du temps, les empereurs prirent les rênes de ce pouvoir consulaire afin de détenir la puissance absolue. Voici l'histoire de son évolution retraçant les différentes étapes de modification de ce titre consulaire.

Le consulat de la République :

Le mot consul (dérivant de consulere, pourvoir ou consulter) désignait à Rome la fonction de deux magistrats annuels, égaux en droit, et dont les attributions ont singulièrement varié suivant les diverses époques de la constitution romaine. Après l'expulsion des Tarquins (vers 509 av. J.-C.) et l'abolition de la royauté, l'ensemble des pouvoirs furent attribués à ces deux magistrats, investis pour un an, appelés consuls par une loi curiate. Cet imperium consulare ne pouvait être donné qu'a des patriciens, après l'approbation du Sénat sur propositions des comices curiates. Plus tard, une des deux places fut réservée aux plébéiens (366 av. J.-C.). Par la suite, personne ne put accéder au consulat sans avoir été préteur auparavant et être âgé d'au moins 43 ans. Après de nombreux changements législatifs, leur entrée en charge fut fixée au 1er janvier et ce pour toute la durée de l'année. Le jour de l'entrée en exercice donnait lieu à des fêtes et solennités particulières. Après la prise des auspices, les consuls recevaient leur imperium au temple de Jupiter sur le Capitole. Ils étaient escortés de douze licteurs (portant les faisceaux), écartant la foule par la voix et le geste. Abdiquant en fin d'année, ils prenaient par la suite une place dans le Sénat.
Les consuls étaient les décideurs de la juridiction civile et détenteurs du pouvoir exécutif,  usant d'une habile intelligence pour contenter en même temps le peuple et le Sénat. Leurs attributions militaires leur conféraient le commandement des armées. Les consuls ne pouvaient être l'objet d'accusations pendant la durée de leurs fonctions. Mais au fil du temps, l'autorité des consuls tendit à se restreindre sous l'influence du Sénat et sous la pression de certains chefs militaires ou de parti. César s'arrogea le titre de consul de la Gaule pour cinq ans, puis se déclara dictateur permanent. Le pivot essentiel de l'ancienne constitution romaine était en train de s'écrouler doucement et de se vider de ses pouvoirs.

Le consulat de l'empire :

A son tour, Octave reçut le pouvoir consulaire et proconsulaire avec un imperium illimité. Dès le IIIème siècle, l'empereur nomme tous les magistrats, étant devenu le seul maître des élections consulaires. L'importance politique du consulat ayant disparu avec la fin de la république, l'autorité véritable se trouvait maintenant concentrée sur l'empereur, revêtu de l'imperium consulare et proconsulare. Privés de leurs attributions administratives et militaires, les consuls n'avaient su garder que le droit d'affranchissement des esclaves. L'empereur tout puissant était vêtu du costume consulaire identique à celui dont on parait la statue de Jupiter Capitolin, attributs aussi portés par les rois de Rome et les triomphateurs :  la toga picta, la tunica palmata, la couronne d'or, le scipio, sceptre d'ivoire surmonté d'un aigle, attributs de l'empereur et consul, étaient portés lors de circonstances solennelles. Vêtu de cette toge triomphale, assis sur une chaise curule, précédé des licteurs portant les faisceaux, toute la pompe de l'empereur s'étalait lors des cérémonies inaugurales du renouvellement des vœux et des ludi qu'il présidait. L'empereur devient consul au début de chaque année de règne, inaugurant son consulat par une cérémonie appelée processus consularis, le conduisant, à pied ou dans un char doré, tiré par deux ou quatre chevaux (depuis le règne d'Antonin le Pieux), jusqu'au temple de Jupiter où il effectue un sacrifice.

Le message de cette monnaie de Probus, datée précisément par sa titulature, coïncidant avec sa récente victoire germanique, lui confère de fait une légitimité politique et militaire bien à propos.


Détail du buste

dimanche 5 décembre 2010

Un buste consulaire de Serdica (280 ap. J.-C.)





Description:

Serdica, 280 ap. J.C., 4ème émission, 4ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux Auguste). Buste consulaire radié de Probus à gauche, tenant un scipio de la main droite. (Buste Bastien : H2)

Revers : SOLI INVICTO // KAΔ, (Au soleil invincible) Sol radié, tête à gauche, dans un quadrige vu de face, levant la main droite et tenant un globe de la main gauche, la chlamyde entourée autour du bras.

Poids : 3,90 g - Diamètre : 22,5 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC/ n°864 var

Commentaires :


La ville de Serdica (actuelle Sofia en Bulgarie), conquise par les romains en 29 ap. J.-C., devient la capitale  de la  Dacie intérieure. Au IIIème siècle, les romains fortifient la ville avec une épaisse muraille. Ainsi protégée, elle reste une étape importante pour les différents acteurs commerciaux et militaires du monde romain. En Mars 277 ap. J.-C., Probus s'arrête  à Serdica avec son armée, faisant route vers Rome, qu'il désire atteindre  au plus vite dans le but de faire ratifier par le Sénat sa nomination à la tête de l'empire. Il laissera des troupes sur place et l'atelier continuera de frapper des monnaies pour payer les troupes.

L'atelier de Serdica était organisé en quatre officines, se différenciant  dans les émissions par des lettres grecques gravées à l'exergue du revers (A, B, Γ, Δ), associées à la marque de la réforme KA. Sur cette monnaie, la notation KAΔ ne présente pas de point de séparation et semble ne pas être répertoriée dans le RIC avec cette même titulature et ce buste consulaire, le moins fréquemment gravé de l'atelier. En 277 ap. J.-C., le numéraire était destiné en grande partie à payer la solde de l'armée stationnée dans la ville. On peut penser que cette présence permanente d'une garnison dans la ville eut une forte influence sur le choix des bustes monétaires par les graveurs de l'atelier. N'oublions pas que Probus vient d'être nommé empereur par ses troupes et qu'il partage avec eux toutes les batailles. Il est perçu  par la population et par ses hommes comme étant le général libérateur des territoires tombés sous le joug de multiples envahisseurs extérieurs. Ce buste consulaire est ici choisi  pour rappeler qu'en cette année Probus entame son deuxième consulat.

Au revers, ce quadrige solaire en mouvement semble être sur le point de prendre son envol. Sur les traces d'Aurélien, Probus vénère Sol Invictus et lui confère une place de choix sur les types monétaires de cet atelier, à coté des anciennes divinités du panthéon romain qui protègent ses actions contre l'ennemi envahisseur. L'iconographie du type est construite selon une symétrie (d'axe vertical) presque parfaite :  les chevaux externes ont la tête tournée vers l'extérieur tandis que les deux autres regardent vers Sol Invictus. Arnaché et plein de fougue, cet attelage s'élance vers le ciel pour combattre les ténèbres et permettre au soleil d'illuminer le monde. Ce quadrige dit "éclaté" est une particularité du monnayage de Probus et ne sera pas repris après son assassinat par les autres empereurs lui succédant.


Détail du revers

dimanche 28 novembre 2010

Métrologie comparative des différents modules du système monétaire sous PROBUS.


Comme nous l'avons déjà vu dans un précédent article, l'aurélianus devient l'unité monétaire centrale du nouveau système réformé par Aurélien depuis 274 ap. J.-C. De même sous Probus et jusqu'au règne de Dioclétien qui réformera à son tour le système, il  reste basé sur le trimétallisme or/argent/bronze inspiré de celui de Caracalla. Ces frappes répondent aux exigences imposées par le nouveau système monétaire d'Aurélien ayant pour rôle de redonner à l'empire un semblant de stabilité économique. Des modules en or, billon et bronze furent frappés de façon très irrégulière dans les ateliers et plus particulièrement à Rome. Ceci atteste l'existence et l'utilisation complète du système monétaire mais ces valeurs ne furent pas usuelles. Souvent considérés comme des monnaies de célébration, distribuées lors de donativa, de cérémonies d'adventus ou de triomphe dans les villes concernées, ces monnaies sont les plus rares du monnayage. Il est fort possible aussi que la rareté des aurei de Probus tient du fait qu'ils furent refondus pour répondre aux besoins  des ateliers afin de réemployer le métal précieux pour les émissions d'or du IVème siècle.



                  Aureus de Siscia, 279 apr. J.-C., 6ème émission. (NAC Auction n°25, 25 Juin 2003)


 I/ Les émissions d'or

Le Binio : 
Contrairement aux aurei, ces monnaies présentent des bustes radiés. Ces multiples sont taillés au 1/36ème à 1/40ème de la livre romaine (en prenant comme valeur celle de L.Naville soit 322,56g la livre) et présentent un poids moyen de 8,06g.  Certains auteurs les désignent quelquefois par l'expression "aureus lourd". Ces monnaies furent frappées lors du passage de l'empereur dans les villes émettrices, destinées aux donativa lors des largesses impériales. Les frappes sont très soignées et les revers originaux et nous laissant de véritables œuvres d'art. On connait aussi un Quinio d'or (5 aurei), avec un portrait accolé de l'empereur et d' Hercule, sans doute offert comme récompense militaire lors d'une célébration.

L'aureus : 
Au cours du règne de Probus, le poids de l'aureus est légèrement variable selon les ateliers émetteurs et la période de frappe concernée mais on peut constater qu'il obéissent quand-même à la loi de stabilité pondérale instituée par la réforme d'Aurélien. Ces monnaies, d'effigie laurée, sont généralement des modules taillés au 1/50ème (IL) de livre romaine soit d'un poids moyen de 6,45 g. L'aureus est presque composées uniquement d'or pur, affichant un titre d'or fin à l'analyse supérieur à 96 % (soit une monnaie de 23 à 23,5 carats). Sa composition est probablement la conséquence du réemploi du métal par refonte des aurei des périodes antérieures. 

Le quinaire d'or :
Sous-multiple émis en parallèle, il est taillé au 2/5ème du poids de l'aureus (2,58 g en moyenne).  On constate que ce module  particulier est souvent frappées par les même coins que les "quinaires de bronze" (du moins pour ce qui concerne le revers) ce qui atteste qu'il fut  aussi destiné aux donativa des cérémonies de célébrations. On en connait deux exemplaires de l'atelier de Rome émis lors du triomphe de Probus  dans la ville en 281 ap. J.-C. 



Quinaire de billon de Ticinum, 278 apr. J.-C., 4ème émission (Lanz Auktion n°123, 30 Mai 2005)


II/ Les émissions exceptionnelles de billon argenté

Le denier :
Ce divisionnaire est taillé au 1/124ème de la livre romaine et présente un rapport de poids de 2/3 avec l'aurélianus, soit 2,60g en moyenne. Son diamètre est de 16 mm et sa composition révèle qu'il ne contient que 2% d'argent fin. La frappe de ce module fut beaucoup moins abondante sous Probus par rapport au nombre important de deniers émis pour Aurélien et Séverine. Certains sont frappés avec des coins d'aurei et son émission se raréfie sous le règne de Tacite pour devenir qu'anecdotique sous Probus.

Le quinaire de billon :
Ce module encore plus petit est taillé au 1/189ème de la livre romaine  soit un poids moyen de 1,71 g pour 13 mm de diamètre. Sa composition métallique est variable qualitativement selon les émissions (le taux d'argent fin peut varier sensiblement de 3 à 20%). Les émissions de ce module, plus abondantes et nombreuses que celles du denier, semblent toujours liées à des évènements donnant lieu à des largesses impériales. On l'appelle aussi communément "quinaire de bronze" par commodité afin de le distinguer des quinaires d'or. Il présente des types de revers rassurants pour la population.


Médaillon de bronze de Rome, 281 apr.. J.-C. (NAC, Auction 51, 5 Mars 2009, lot n°402)



 III/ Les émissions de bronze

Les ateliers de Ticinum, Rome et Siscia sont les seuls à avoir émis des monnaies de bronze. Il existe beaucoup de confusion dans les différentes appellations pour déterminer ces  modules de bronze. J.-P. Callu comme S. Estiot distinguent seulement trois modules : l'as, le dupondius et le sesterce, le médaillon ne faisant pas partie intégrante du système monétaire mais considéré comme une émission liée à un évènement grandiose. P. Bastien parle de sesterce, double sesterce et même triple sesterce.  Dans une récente étude sur les émissions de Rome du trésor de la Vénéra, J. Guillemain ne distingue seulement que deux modules de bronze : l'as, (rassemblant l'as et le sesterce dans la même catégorie) et les médaillons.

L'as (ou semis) :
Il présente un diamètre de 19-20 mm légèrement plus petit que les as émis sous Aurélien (23-26 mm) et fut frappé en petite quantité. Son poids varie légèrement selon les types mais pèse en moyenne 6,96 g. Ce module pourrait avoir été frappé dans les même ateliers que ceux utilisés pour la production des auréliani.

                         As ou semis de Rome, 2e émission, 277 apr. J.-C, RIC n°304. Poids : 5,03g, Diam : 20,57mm. (Coll. privée)

Le dupondius : 
C'est le double sesterce décrit par P. Bastien. Il a la seule particularité d'avoir un buste radié  au droit et présente sensiblement les même caractéristiques de taille et de poids que l'as.

Le sesterce :
Il se différencie de l'as par sa légère différence de diamètre et de poids. J.Guillemain fait remarquer que si l'on mesure le diamètre interne du grènetis, la surface de frappe est souvent égale à celle de l'as. Seul le diamètre du flan semble changer, c'est pourquoi, il ventile ces modules soit dans la catégorie des as, soit dans celle des médaillons selon le diamètre interne de la frappe.

Le médaillon :
Émis lors de célébrations grandioses dans l'Urbs, tel que la première visite de Probus à Rome en 277 ap. J.-C. ou son triomphe de 281 ap. J.-C., ces médaillons semblent avoir été produit dans l'atelier de Rome.  K. Pink en attribuait quelques uns à l'atelier de Siscia ou de Lyon suivant des considérations d'ordre stylistiques et épigraphiques. Mais ils sont de nos jours réattribués à Rome. Il semble évident que la technique monétaire déployée dans l'atelier central semble être une des rares adaptée pour émettre de tels modules exceptionnels. On attribue pourtant un médaillon à l'atelier de Ticinum en 277 ap. J.-C., montrant une allégorie de Probus après sa victoire sur les Goths.
Un médaillon  mesure entre 29 mm et 35 mm de diamètre, parfois plus petit. Avec un poids moyen  de 37,56 g, ces modules peuvent parfois atteindre 65 g. Glorifiant  la virtus légendaire de l'empereur, ils présentent au droit des bustes exceptionnels (F*), consulaires et parfois accolés avec une divinité. Généralement en bronze, certains médaillons sont bimétalliques, comportant un centre de cuivre cerclé d'orichalque, d'autres sont argentés.

Nous pouvons conclure que ces monnaies ne sont pas courantes dans le monnayage de Probus et n'ont certainement pas eu un rôle influent dans l'économie romaine car la masse monétaire de production de ces modules atypiques semble peu abondante. Simplement destinées aux fastes des célébrations impériales et aux récompenses militaires, elles furent sans doute thésaurisées par les romains sans trop intervenir dans la circulation monétaire.

samedi 27 novembre 2010

Le lion, le soleil et la foudre personnifient PROBUS à Siscia. (279 ap. J.-C.)




 
Description :


Siscia, 279 ap. J.-C, 6ème émission, 4ème officine.


Avers :  IMP C PROBVS P F AVG, (L'empereur César Probus Pieux et Heureux Auguste),  buste radié et cuirassé de Probus à droite, vu de 3/4 avant. (Buste Bastien : B)


Revers :  P M TR I P COS III PP // XXIQ, (Grand pontife revêtu de la puissance tribunitienne, consul pour la troisième fois, père de la patrie). Lion marchant à droite tenant un foudre dans sa gueule.

Poids: 3,53 g - Diamètre: 21 mm - Axe: 12h00 - Référence : RIC n°616 Var. (monnaie provenant de la vente CNG, EA 244 lot n°466)
 

Commentaires : 
  

Peu d'auréliani de Probus présentent des animaux sur le revers. On rencontre dans le même atelier une représentation de la louve allaitant Rémus et Romulus , symbole de Rome et un lion radié, comme sur cette monnaie, marchant à droite ou à gauche personnifiant l'empereur. Cette dernière iconographie, métaphore du pouvoir impérial, fut déjà utilisée sur des antoniniens de Caracalla à la fin de son règne (Rome, 216 ap. J.-C.) à l'occasion de son quatrième consulat. Ce type fut  réemployé dans le monnayage de Probus uniquement par les graveurs de l'atelier de Siscia marquant ses deuxième et troisième consulats. La monnaie présentée ici ne fut frappée que par la quatrième officine. Cet aurélianus  présente en outre la particularité d'être inhabituel dans le monnayage car il est daté précisément par sa légende de revers. Probus prend son troisième consulat en 279 ap. J.-C. avant de repartir en Thrace combattre d'autres peuples barbares.

Le lion, digne représentant de la force (naturelle) et du courage est emblématique du pouvoir et de la domination absolue. Il incarne les notions de bravoure, force, noblesse et souveraineté, modèles des puissants, qu'ils doivent surpasser. Associé aux héros (comme Hercule et le lion de Némée), aux empereurs et aux dieux, cet animal devient le compagnon de ceux qui règnent. Il a d'abord été leur adversaire en tant que bête sauvage : vaincu et maitrisé (certaines monnaies montrent des bustes sur lesquels Probus est coiffé de la léonté, attribut d'Hercule) il délègue ses vertus et offre sa force à ses "dompteurs". Esope évoque cette qualité dans sa fable  La lionne et le renard  : "Un renard se moquait d'une lionne qui mettait au monde un seul petit. "Un seul, répondit la lionne, mais un lion." Le mérite ne se mesure pas sur la quantité, mais sur la vertu".  Cette même vertu chère à Probus est ainsi mise en valeur une nouvelle fois par cette image animalière qui lui correspond à merveille par le biais de cette évocation herculéenne, alliant la justice à la magnanimité, le lion ne se jetant sur ses proies que si les adversaires disposent de tous leurs moyens pour se défendre ou prendre la fuite.

Ce lion, symbole de la puissance naturelle, tient dans sa gueule le foudre à double pointe, attribut suprême de Jupiter, emblème cette fois-ci de la puissance céleste offerte par les dieux au premier des romains.  Lors de son élévation au titre, l'empereur reçoit le pouvoir impérial de Jupiter et cette image du lion détenant le foudre divin semble donc associer parfaitement  les deux aspects de la toute puissance impériale nécessaire au règne de Probus.

De plus, l'évocation impériale se voit renforcée par ce halo radié, déployé au dessus de la tête de l'animal, se référant aux pouvoirs de Sol Invictus, mis en valeur dans la religion romaine de l'époque. Probus lui vouait un culte tout particulier dans la continuité des croyances d'Aurélien, qui fit entrer la divinité au rang suprême dans la hiérarchie du panthéon romain quelques temps avant. Sol Invictus, ainsi évoqué par ces rayons sur la tête du lion, garantit la pérennité de l'empire et celle de Rome, ville triomphante des villes ennemies. Sol donne l'espoir aux romains de retrouver la paix et la stabilité des territoires car le soleil accomplit le retour des saisons, symbolisant ainsi la résurrection des temps meilleurs. En parallèle avec le buste gravé sur l'avers, ce symbole solaire se décline de fait sur les deux faces de cette monnaie. 

Les trois divinités tutélaires de Probus (Jupiter, Sol Invictus et Hercule), illustrées classiquement dans son monnayage de façon dissociée sur plusieurs types  distincts  (CONSERVAT AVG) sont rassemblées ici avec cette triple évocation dans une seule et unique représentation monétaire prenant toute son importance lors du renouvellement consulaire de Probus.
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Détail du revers

mardi 23 novembre 2010

Un buste militaire de Siscia à la lance tronquée. (278 ap. J.-C.)





Description :
 
Siscia, 278 ap. J.-C., 5ème émission, 4ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P AVG, (l'empereur César Marc Aurèle Probus pieux Auguste). Buste de Probus radié et cuirassé à gauche, tenant une lance sur l'épaule droite et un bouclier sur l'épaule gauche.  (Buste Bastien : F1).

Revers : CONSERVAT AVG // XXIQ, (Le protecteur de l'auguste). Sol nu, debout à gauche, la chlamyde recouvrant l'épaule gauche, un pan reposant sur le bras tenant un globe et la main droite levée.

Poids : 3,87 g - Diamètre : 21 mm - Axe: 6 h00 - Références : RIC n° 672 


Commentaires :

Cette monnaie est issue de la cinquième émission, frappée dans six officines. Elles se distinguent par leurs marques différentes à l'exergue : P, S, T, Q, V et VI associées à la marque de la réforme d'Aurélien XXI. Le fait que l'empereur arrive dans la ville à la fin de l'année 278 (les monnaies d'adventus l'attestent), y restant toute l'année 279 ap. J.-C. explique cette grande diversité et cette surabondance de bustes impériaux. Les scalptores nous ont sans doute laissé le portrait monétaire le plus réaliste de Probus, la présence de l'empereur dans la ville facilitant de fait la reproduction au plus juste des traits de sa personnalité. Glorifiant son image à travers de nombreux bustes exceptionnels, l'imago officielle nous montre un empereur militaire d'allure svelte, avec un visage fin et angulaire, portant une barbe et une moustache soignées et des cheveux courts et bien rangés. Cette description reflète parfaitement l'idée que l'on peut se faire d'un général Illyrien victorieux de 46 ans venant de libérer la Gaule de l'oppression germanique.
Ce buste militaire F1, sur lequel Probus apparait non casqué est le résultat de l'excellent travail des graveurs de Siscia. Mais cette monnaie a la particularité d'avoir subi une négligence de gravure sur le coin d'avers. En effet, le scalptor qui a représenté la lance située sur l'épaule droite a oublié, sans doute par inadvertance, de finir le segment en arrière du buste (souvent terminé en pointe), donnant alors l'impression que Probus porte un bâton à la place d'une arme.

Ce type de revers fut émis simultanément par plusieurs officines  de l'atelier : première (P), deuxième (S), quatrième (Q) et sixième (VI) officines. Probus est sous la protection de Sol Invictus, le dieu réintroduit par Aurélien, toujours vénéré à cette époque. La combinaison des différents bustes avec ce revers nous offre un nombre important de monnaies originales dont certaines ne sont pas décrites dans le RIC.


Détail du buste


dimanche 14 novembre 2010

La Félicité de Siscia déclinée en trois variantes dans "l'Invictus-série". (277 ap. J.-C.)





Description :
 
 Siscia, 277 ap. J.-C., 2ème émission, 1ère officine.

Avers : IMP PROBVS INV AVG, (l'empereur Probus auguste invaincu). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite (Buste Bastien : A2).

Revers : FELICITAS AVG // A // XXI, (La félicité de l'auguste). La félicité debout à gauche, tenant une patère de la main  droite  au-dessus d'un autel allumé et une corne d'abondance de la main gauche.

Poids : 3,74g - Diamètre : 22 mm - Axe: 12h00 - Références : RIC n° 679 


Commentaires :


La légende IMP PROBVS INV AVG  de cette monnaie signe  l'Invictus-série de la deuxième émission de Siscia décrite par K. Pink dans son article "Der Aufbau der Römischen Münzpragung in der Kaiserzeit" de 1949. En effet, cette série spéciale se caractérise par l'ajout dans la titulature de l'adjectif INVICTVS sous différentes abréviations : INV comme sur cet aurélianus mais aussi  INVICT. Qualifié d'invincible l'empereur est porté au même rang que le dieu Solaire dont le culte officiel fut introduit par Aurélien quelques années auparavant (Sol invictus). Cette émission trouve sa justification dans le fait que Probus arrive à Siscia en 277 ap. J.-C, accueilli par une fête d'adventus somptueuse à la hauteur des victoires militaires qu'il vient de remporter. On émet en même temps des monnaies d'or à cette occasion, considérant cet empereur comme un enfant du pays, sa ville natale Sirmium étant toute proche. On constate que la qualité de gravure s'améliore dés lors que Probus arrive dans la ville,  étant sans doute la conséquence du travail des graveurs pris dans les ateliers de Cyzique et Serdica, venus avec le cortège impérial. Cette particularité de titulature de l'Invictus-série est présente sur quatre types monétaires, repris du monnayage de Florien  : CONCORD MILIT, FELICITAS AVG, SECVRITAS SAECVLI et PROVIDE AVG.

Le type de revers présentant  l'allégorie de la félicité, symbole de la richesse inépuisable,  est décliné  en trois variantes iconographiques différentes pour la même légende FELICITAS AVG.

 De gauche à droite les variantes a, b et c.

La variante a  montre la félicité debout à gauche tenant un caducée de la main droite et une corne d'abondance de la main gauche.
La variante b, comme sur cet aurélianus présente la félicité debout à gauche tenant une patère de la main droite au-dessus d'un autel allumé et une corne d'abondance de la main gauche. 
La variante c  montre la félicité debout à gauche tenant une patère de la main droite au dessus d'un autel allumé et  un caducée de la main gauche.

Cette deuxième émission se caractérise par la frappe des monnaies dans six officines que l'on différencie par les lettres A, B, Γ, Δ, ε, ζ notées dans le champ,  associées à  la marque de la réforme d'Aurélien XXI à l'exergue. 

 Détail du revers

dimanche 7 novembre 2010

La santé publique veille à Ticinum sur la quiétude de la population romaine (279 ap. J.-C.)





Description :

Ticinum, 279 ap. J.-C., 6ème émission, 3ème officine. 

Avers : IMP C PROBVS P F AVG, (L’empereur César Probus pieux et heureux Auguste). Buste de Probus à droite,  radié et cuirassé, vu de 3/4 avant. (Buste Bastien : B)

Revers : SALVS PVBLIC // Γ, (La santé publique). Salus drapée debout à droite nourrissant un serpent de la main gauche.

Poids : 3,95 g - Diamètre : 21 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC n°567


Commentaires :


Cette monnaie est émise à Ticinum en 279 ap. J.-C., un an après le passage de Probus dans la ville (été 278 ap. J.-C.), lorsque Probus poursuit ses guerres contre les Burgondes et les Vandales en Rhétie et refoule les Sarmates en Illyricum. A partir de la fin de l'année 278 et toute l'année 279 ap. J.-C., il restera  cantonné à Siscia.

A l'origine, Salus est une divinité romaine  inspirée d'une idée abstraite se voyant finalement personnifiée dans la religion romaine. Elle est représentée sous les traits d'Hygie nourrissant un serpent, symbole chtonien, attribut d'Esculape, fils médecin d'Apollon. 
L'iconographie des monnaies romaines nous présente, quelquefois dans la même émission,  les deux aspects connexes de cette divinité, variant de sens selon la légende qui lui est attribuée.  Des légendes  induisent une signification traditionnelle (SALVS PVBLICA),  pour le bien de l'Etat et d'autres une signification plus individuelle protégeant l'empereur (SALVS AVG). C'est le cas dans cette sixième émission de Ticinum. Le revers de cette monnaie  invoque  la santé de la population et la place ainsi sous les auspices de la divinité afin qu'elle combatte les fléaux qui sévissent sur les différents territoires de l'empire romain (sûrement la peste qui se développe depuis 250 ap. J.-C. mais aussi les guerres menées par Probus). Il est à noter que la lettre d'officine (dans ce cas Γ), peut se trouver pour cette même émission soit dans le champ, soit à l'exergue comme ici ou encore associée au signe de la réforme de l'aurélianus XXI.

Primitivement invoquée dans les chants des prêtres Saliens (Salus Publica, associée à Pax et Concordia), Salus évoque ici une idée plus politique, procurant le bien-être d'un état en paix. Elle veille sur la quiétude des individus justement parce que l'état est heureux du bonheur de ses citoyens. Salus n'est en fait qu'un aspect de Fortuna limitée aux circonstances critiques de la vie telles que la guerre, la  famine et autres calamités naturelles ou induites par la politique impériale de reconquête territoriale. Le destin du peuple se trouve ainsi lié  au destin de l'empire et de l'empereur.


Détail de revers : Salus nourrissant un serpent

vendredi 5 novembre 2010

Un buste guerrier exeptionnel non codifié par P. Bastien de l'atelier de Sisica (277 ap. J.-C)





Description :

Siscia, début 277 ap. J.-C., 3ème émission, 1ère officine.

Avers : VIRTVS PROBI AVG, (La bravoure de Probus Auguste). Buste casqué, radié, cuirassé et drapé de Probus à droite vu à mi-corps, pointant sa lance en avant  du bras droit et tenant de la main gauche son bouclier, vu de l'intérieur.   (Buste Bastien : -- codifié D7 par S.Estiot)

Revers : ADVENTVS PROBI AVG // XXIA, (L'arrivée de Probus Auguste). L'empereur à cheval à gauche, levant la main droite et tenant un sceptre transversal. Devant le cheval,  un prisonnier assis avec un bonnet phrygien, mains liées dans le dos.

Poids : 3,72 g - Diamètre : 23 mm - Axe: 11h00 - Référence : RIC n° 634. (Monnaie provenant de la vente CNG, EA 243 lot n°426)


Commentaires :

Les graveurs de l'atelier de Siscia furent très créatifs et innovants. En effet, pour la première fois dans le monnayage de Probus, ils composent un buste guerrier sur lequel l'empereur est représenté à mi-corps, nous offrant de fait des détails iconographiques rarement présents sur les monnaies. Probus apparait ici radié, casqué, en habit militaire, vu de 3/4 avant, attitude laissant au graveur la possibilité de représenter le bras droit  de l'empereur dans sa totalité nous faisant découvrir aussi la face interne de son bouclier. Non seulement cuirassé, le buste est également drapé. S. Estiot et P. Gysen classeront ce buste encore absent de la codification des bustes de P. Bastien pour le monnayage radié sous le code D7 (identifié dans l'article de P.Gysen-S.Estiot "Probus Invictus Augustus" ). Cette monnaie frappée dans les deux premières officines de l'atelier n'est connue qu'à trois exemplaires pour la première officine (un exemplaire se trouve au British Museum à Londres, un autre dans la collection de P. Gysen et un troisième VEL Ancient Import XI/2008) et cinq exemplaires pour la seconde officine. On note qu'un seul coin de droit pour deux coins de revers. Cet exemplaire est frappé avec la même combinaison de coins que l'exemplaire du British Museum et celui de la collection P. Gysen.

Cette image impériale fut créé à l'occasion de la troisième émission pour fêter l'arrivée (Adventus) de l'empereur à Siscia en Avril 277 ap. J.-C.  Les nombreuses nouveautés dans l'iconographie monétaire de cette émission particulière laissent penser que la fête d'adventus de l'empereur fut magistrale, honorant comme il se doit le retour au pays d'un des plus valeureux de leurs sujets. Cette impression se voit  confirmée par une émission d'or conséquente à la même date.
Ce buste particulier en attitude guerrière, sorti de l'imagination des graveurs de l'atelier balkanique, sera repris au début de l'année 278 ap. J.-C par les artistes de l'atelier de Ticinum et ornera les médaillons frappés pour le donativum distribué dans la ville à l'occasion de la fête célébrant son adventus, sa victoire germanique et son deuxième consulat.


Buste guerrier de Probus D7

dimanche 31 octobre 2010

Continuité de l'emploi du type Adventus à l'atelier de Rome (278 - 279 ap. J.-C.)





Description :

Rome, fin 278- début 279 ap. J.C., 3ème émission, 7ème officine. 

Avers : IMP PROBVS AVG, (L'empereur Probus Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite. (Buste Bastien : B).

Revers : ADVENTVS AVG // R✶Z, (L'arrivée de l'auguste). Probus à cheval marchant à gauche, la main droite levée et tenant un sceptre transversal de la main gauche. A ses pieds,  un captif, mains liées,dans le dos, portant un bonnet phrygien.

Poids : 3,89g -  Diamètre : 23 mm - Axe : 6h00 -  Référence : RIC n°157 -  MPR n°341 - (26 exemplaires dans le trésor de La Vénéra)


Commentaires :


 Le mot  "adventus" présent dans l'épigraphie de certaines monnaies permet le plus souvent de retracer le parcours de l'empereur dans les différentes villes d'émission. Ces légendes accompagnent une iconographie montrant l'empereur arrivant à cheval dans la ville de façon glorieuse. Cette scène semble correspondre au début des festivités organisées lors de la visite de l'empereur, durant lesquelles des monnaies étaient frappées et distribuées à la foule lors de donativa.

Mais les émissions du type adventus durent quelquefois beaucoup plus longtemps que la durée réelle de présence de l'empereur dans la ville. C'est pourquoi cette monnaie d'adventus peut interpeller sur le vrai sens de la légende de revers. Car effectivement fin 278, début 279 ap. J.-C. Probus n'est plus à Rome. Arrivé entre Mai et Juillet 277 ap. J.-C. dans la ville, il en repart  rapidement pour affronter les Alamans en Gaule à la fin de l'année, après avoir ratifier  son titre au sénat. La durée de son passage à Rome est courte, juste le temps nécessaire pour régler les affaires qui nécessitent obligatoirement sa présence (ratification, restitution des privilèges au Sénat). On peut donc se demander pourquoi ces types perdurent si longtemps dans les émissions de Rome.  Ce type de monnaie pourrait être frappée simplement en mémoire de la visite de l'empereur dans la ville se différenciant des monnaies d'adventus effectives qui contiennent en plus le nom de l'empereur dans la légende de revers : ADVENTVS PROBI AVG.
 
Au moment de l'émission de cette monnaie, Probus libère vaillamment  la Gaule des Germains en été 278 ap. J.C. et  demande aux vaincus de lui fournir 16 000 hommes parmi les plus braves et les plus jeunes, pour servir dans l'armée romaine. Il les affectera dans différentes garnisons pour éviter toutes rébellions futures (cf. article historique.). On peut donc à nouveau s'interroger sur l'emploi  à ce moment précis de ce type monétaire à l'atelier de Rome. Par extension de l'imagerie populaire, ce type peut  simplement  symboliser la liberté retrouvée d'un territoire grâce à l'action militaire menées par l'empereur, le captif au sol représentant le peuple vaincu. Ce type montrant l'empereur triomphant, arrivant sur le territoire libéré  par ces troupes pourrait être employé comme métaphore de la victoire et de la domination romaine rétablie.

Cette troisième émission de Rome s'identifiant par une étoile entre un R signifiant Rome et la lettre d'identification des sept officines différentes est notée à l'exergue R✶A,  R✶B,  R✶F,  R✶Δ, R✶E, R✶ζ et R✶Z. Notons que la marque de la réforme de l'antoninien XXI pour l'atelier romain a disparu depuis la première émission de Rome.


Détail du revers

dimanche 24 octobre 2010

La bravoure de l'auguste célébrée devant un trophée anthropomorphe (277 ap. J.-C.)






Description :

Rome, 277 ap. J.-C., 2ème émission, 1ère officine.


Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste  radié et cuirassé de Probus à droite vu de 3/4 en avant avec pan du paludamentum sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : A)

Revers : VIRTVS AVGVSTI // R, (La bravoure de l'Auguste). L'empereur debout à gauche, posant la main droite sur un trophée et tenant de la main gauche un sceptre transversal. A gauche du trophée, un prisonnier assis avec un bonnet phrygien, mains liées, tournant la tête vers l'empereur.


Poids : 4,15 g - Diamètre : 22mm - Axe: 6h00 - Référence : RIC n° 243var . MPR n° 77


Commentaires :
 
Commençant au Printemps 277 ap. J.-C qui coïncide avec l'arrivée de Probus dans la capitale, la deuxième émission de l'atelier se terminera à la fin de cette même année. Tout juste victorieux des Goths, ayant reconquis soixante villes en Gaule et massacré 400 000 barbares, Probus et son armée repoussent le reste des envahisseurs au delà du Jura Souabe et du Neckar. Selon l'Histoire Auguste, l'empereur militaire est maintenant prêt à s'attaquer de la même manière aux invasions Germaniques (des Alamans et des Juthunges) sur le limes Rhénan. Contemporaine de la campagne germanique du Rhin et du Danube, que Probus mènera donc juste après son passage dans la ville, cette émission finit avant la conclusion victorieuse de la campagne. La victoire ne sera célébrée que plus tard sur les types de la troisième émission (type VICTORIA GERM). En 277 ap. J.-C., Probus passe par Rome dans le but d'obtenir la ratification du Sénat  pour son titre d'empereur mais aussi  tente de rassurer la population romaine sur sa politique ambitieuse. 

On retrouve sept exemplaires dans le trésor de La Vénéra identique à cet aurélianus de la deuxième émission de Rome. Cette deuxième émission, riche de dix bustes et de six nouveaux types de revers est le résultat d'un nouveau programme iconographique mis en place par l'administration monétaire exaltant la bravoure militaire de Probus et célébrant ainsi son premier consulat. De par son buste de droit, comportant un pan du paludamentum sur l'épaule gauche (Buste A),  elle n'est pas répertoriée dans le RIC. 

La scène de revers nous montre un empereur victorieux, dominant les peuples barbares qu'il vient de battre en Gaule, plantant ou posant un casque sur un trophée militaire, symbole de la victoire et de la reddition de l'ennemi. Ce trophée était érigé à l'endroit même où avait été remportée une victoire, sur l'emplacement où avait eu lieu le combat. Formé d’un tronc d’arbre, sur lequel on suspendait quelques armes appartenant aux vaincus (que l’on brisait souvent) est certainement d’origine  hellénique.  Cette représentation nous montre, aux pieds de ce trophée anthropomorphe un captif assis, les mains liées, renforçant le caractère suprême de la victoire romaine sur un autre peuple ainsi soumis.

La deuxième émission  de Rome compte deux phases distinctes :
La première phase de l'émission est notée R (pour Roma, la cité émettrice) à l'exergue des monnaies. Cet aurélianus est issu de cette phase (phase 1a du MRP). On voit ainsi disparaître la marque d'exergue XXI, présente pour la première émission, notifiant la réforme monétaire d'Aurélien.
La deuxième phase de cette deuxième émission, compte sept  officines, toujours notées R, mais cette fois  accolée avec des lettres latines et grecques : R et RA, RB, RF, RΔ, Rε, Rζ, RZ.


Détail du revers

samedi 16 octobre 2010

De l'antoninien de Caracalla vers l'aurélianus de Probus : métrologie générale.



Antoninien de Caracalla, 215 ap. J.-C. (RIC n°273d)


L'aurélianus instauré par la réforme monétaire d'Aurélien en 274 ap. J.-C. est le fruit d'une lente inflation de la monnaie romaine qui s'est accélérée entre 250 et 270 ap. J.-C, résultat de la dégradation de l'ancien l'antoninien.  Dès lors, ce module restera stable jusqu'au règne de  Dioclétien. En effet, l'antoninien fut crée en 215 ap. J.-C. par Caracalla et avait une valeur fiduciaire de deux deniers. Ce nouveau module présentant une effigie radiée au droit est en billon (de même nature que le denier de l'époque), c'est à dire que sa composition  contient 50% d'argent et 50 % de cuivre. La baisse du titre d'argent s'était déjà amorcée depuis Pertinax en 193 ap. J.-C. et ne fait que chuter jusqu'à l'intervention d'Aurélien. Cet effondrement du titre de l'argent dans les monnaies romaines pourrait être une conséquence directe de l'augmentation de la masse monétaire produite pour pallier l'inflation combinée avec l'épuisement de l'exploitation des mines d'argent d'Espagne. L'antoninien est taillé au 1/64ème de la livre romaine, ce qui lui confère un poids d'environ 5,07g. Le système monétaire ayant changé, les équivalences entres les modules se voient de fait modifiées : 1 Aureus = 25 Antoniniens = 50 Deniers = 200 Sesterces = 400 Dupondius = 800 As.

Mais l'inflation s'installe dans l'empire et va dénaturer lentement ce module tout au long du IIIème siècle. Les empereurs successifs essaieront en vain de maintenir la stabilité du système monétaire romain. L'état est en faillite et l'économie est au point mort. La crise économique s'accompagne d'une grave crise politique avec la sécession de l'empire gaulois. La frappe des monnaies de bronze (sesterce, dupondius et as) décline lentement pour quasiment disparaitre sous le règne de Gallien.  L'antoninien ne pèse alors plus que 2,90 g et ne contient que 2% d'argent fin. La frappe et les émissions sont moins soignées et reflètent la lente dégradation économique qui gangrène l'empire depuis quelques temps. Même les émissions d'or se dégradent entre 250 et 270 ap. J.-C. pour revenir à une plus grande qualité au moment de la réforme (l'aureus étant taillé au 1/50ème de livre). De même, la qualité du métal utilisé pour frapper les antoniniens est tellement basse qu'on les recouvre d'une fine pellicule d'argent afin de masquer les piètres caractéristiques du métal.

Aurélien va restaurer l'antoninien au début de l'année 274 ap. J.-C. Il réforme ce module en lui donnant une frappe plus soignée, plus ferme et une stabilité dans sa composition métallique. Cet Aurélianus, qui tire son nom de celui de l'empereur réformateur, a des critères de qualité destinés à maintenir la stabilité de sa valeur fiduciaire.  L'aurélianus est alors taillé au 1/84ème de la livre romaine selon P. Bastien (1/80ème de livre selon l'étude de S. Estiot) et pèse environ 3,84g (4,05g pour S. Estiot). Les ouvriers produisaient 84 auréliani  dans 327,45g de billon correspondant à une livre romaine. Sa composition a maintenant un taux de 5% d'argent fin (4,5% pour S. Estiot). La monnaie est saucée, c'est à dire que les flans de cuivre étaient trempés à chaud dans un bain d'argent qui laissait  en surface une fine pellicule argentée.  Sa valeur fiduciaire équivaut  dès lors à 4 deniers (soit 20 sesterces) et devient la nouvelle unité monétaire, l'aureus et le denier n'étant plus frappés et usités que pour les Donativa, pour le trésor impérial ou destinés à récompenser les valeureux officiers de l'armée romaine.  L'aurélianus porte au revers la marque de la réforme monétaire d' Aurélien attestant le fait qu'ils ont été frappés après ce changement (XXI, XX.I, XX ou KA, marque qui  noterait le nombre de sesterces équivalent à la nouvelle unité). D'autres interprétations de cette marque expliquent qu'elle indique le ratio d'argent (5%, soit 1/20ème de son poids total)  contenu dans la nouvelle monnaie. Cette nouvelle monnaie de billon argenté constitue l'unité de base du nouveau système monétaire, comme ont pu l'être le denier et l'antoninien auparavant, dont la marque lui attribue un cours surévalué.  L'aurelianus ne subira plus de modification notable ni de poids, ni de titre de fin et restera donc stable tout au long du règne de Probus et ce jusqu'à la réforme de Dioclétien. Les équivalences  monétaires du nouveau système sont stables et fait de l'aurélianus l'unité la plus usitée du système :  1 Aurélianus = 4 Deniers = 20 Sesterces. Il est possible que cette réforme monétaire fut entreprise en vue d'une réorganisation plus vaste de l'ensemble des structures fiscales et financières de l'état.


(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)


Mais si on étudie le poids des auréliani de Probus sur une même émission, on s'aperçoit qu'il existe quand même des différences de poids importantes entre les nombreuses monnaies étudiées. Même en admettant un taux d'usure de plus ou moins 2% du poids théorique du module, on arrive à des écarts pondéraux importants entre le poids réel de certaines monnaies et le poids théorique qui devrait être stable par définition. Certains aureliani lourds peuvent ainsi dépasser 6 g et d'autres de poids léger atteignent difficilement 3 g. La fourchette moyenne de poids observés dans la composition d'un trésor se situe  généralement entre 3,70 g à 3,88 g tous ateliers de frappe confondus. Ceci est le résultat du à ce que les contraintes du respect du poids ne s'appliquaient pas sur l'unité monétaire au sens strict mais sur le poids total des monnaies que l'on tirait dans une livre de métal. Les ouvriers devaient ainsi simplement frapper 84 auréliani (ou 80 selon S. Estiot) dans une livre sans pour autant avoir une égalité exacte de poids entre les différentes monnaies frappées dans le lot. C'est pour cette raison que les écarts de poids rencontrés entre les monnaies sont notables sur une même émission et pour un même type. Toutefois, on note une légère baisse du poids entre le début  et le milieu du règne de Probus  pour remonter en fin de règne.

Monnaies de Probus argentées.

Le diamètre de l'aurélianus quant à lui paraît à peu près stable durant le règne de Probus (20 millimètres en moyenne), conséquence d'une standardisation de la production des flans. L'exception se fait pour l'atelier de Rome pour lequel on note  une réduction d'un millimètre en moyenne du diamètre des auréliani à partir de 280 ap. J.-C. (soit 19 mm selon l'étude du trésor de La Vénéra de J. Guillemain), sans doute le résultat d'une évolution dans la méthode de préparation des flans ou dans la technique de frappe. Mais cette réduction de diamètre n'engendre pas de réduction pondérale du module : la conséquence en sera une réduction de la taille de l'effigie et un raccourcissement de la longueur des légendes et de l'épigraphie de revers des monnaies par manque de place.

Afin de pallier la dégradation économique et l'inflation galopante des prix, l'augmentation de la masse monétaire, semblant être une conséquence directe des invasions barbares, n'influera pas  sur la qualité de la production de l'aurélianus durant toute la durée du règne de Probus. 


Aurélianus de Probus 279 ap. J.-C.RIC n°616